Terme devenu très à la mode, l’intolérance au gluten est actuellement désignée comme étant la grande coupable de tous les maux digestifs. Tout jugement à l’emporte pièce est bien évidemment excessif et si l’intolérance au gluten existe bel et bien, en revanche son diagnostic et la décision de suivre un régime sans gluten strict doivent bien évidemment reposer sur des arguments solides, tant cliniques que biologiques voire histologiques.
Il faut donc distinguer 3 cas de figure :
La malade coeliaque, dite aussi intolérance au gluten : maladie auto immune caractérisée par la fabrication d’anticorps dirigés contre une enzyme contribuant à l’absorption du gluten au niveau de la muqueuse intestinale, la trans glutaminase. Ce conflit antigène – anticorps provoque une inflammation chronique locale au niveau de l’intestin grêle, elle même responsable de diarrhées, de douleurs abdominales, de malabsorptions multiples (carences, anémies, ostéoporose précoce). Le diagnostic repose sur la présence dans le sang d’anticorps anti transglutamisases, d’une biopsie caractéristique (infiltration dans la muqueuse intestinale de cellules inflammatoires) et de gènes de prédisposition (HLA DQ8/DQ2) car cette maladie aurait une prédisposition génétique ! Le traitement repose uniquement sur un régime sans gluten très strict et à vie
La sensibilité au gluten : forme d’intolérance au gluten pouvant s’exprimer par les mêmes signes cliniques que dans la maladie coeliaque mais dont le diagnostic n’est ni biologique (les Ac sont négatifs), ni histologique (pas de lésions caractéristiques), ni génétique (pas de HLA DQ8, DQ2). Pourtant la personne se plaint de douleurs abdominales et de fermentations excessives quand elle mange du gluten (pain, pâtes, semoule …). Dans ce cas, il faut faire un test diagnostic en suivant un régime sans gluten strict pendant un mois. Si l’amélioration est nette, continuer. Sinon, il est probable que la personne souffre plutôt du syndrome de colon irritable, un colon qui digère mal de nombreux aliments sans que l’on sache pourquoi. Dns ce cas, il suffit de repérer les aliments qui ne passent pas et de les éviter !
Les anti gluten, par principe de précaution : cette attitude est irrecevable. En effet, soit on est intolérant au gluten et dans ce cas on suit très bien le régime sans gluten (au demeurant très contraignant) – soit on ne l’est pas et l’on n’a aucune raison de supprimer de son alimentation des aliments par ailleurs très bons pour la santé (pain, pâtes, semoule…). Le gluten en soi n’est pas une molécule toxique ; seules certaines personnes y sont intolérantes mais il n’y a pas de quoi en faire une généralité !
Au moindre doute, il faut s’adresser à un gastro entérologue et faire les quelques examens nécessaires car passer à côté d’une maladie coeliaque est potentiellement dangereux – tout comme suivre un régime sans raison est source de carences et au demeurant relativement onéreux.